Jérôme Barbut, dans l’antre des collections de papillons du muséum de Paris

Gestionnaire de la collection nationale des papillons au Muséum National d’Histoire naturelle de Paris, qui comporte environ 4 millions de spécimens, Jérôme Barbut est spécialiste de la taxonomie des papillons nocturnes, et plus particulièrement des espèces de la familles des noctuelles d’Amérique tropicale.
Entretien…
Jérôme, pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre métier ?
Mon métier consiste depuis plus de 20 ans, d’une part, à gérer les collections de lépidoptères, c’est-à-dire de papillons, du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris et, d’autre part, à décrire de nouvelles espèces et publier mes travaux dans des revues scientifiques. Pour cela je participe régulièrement à des expéditions scientifiques sur le terrain dans le cadre de projets nationaux et internationaux. Ces expéditions ont pour but d’inventorier et de collecter les papillons de nuit afin de les étudier et d’en révéler la diversité.
Travaillez vous plus particulièrement dans une ou plusieurs régions du monde ?
Je travaille essentiellement dans la zone néotropicale qui comprend l’Amérique centrale, l’Amérique du sud et et l’ensemble de l’arc antillais. J’ai notamment participé à de nombreuses missions en Guyane, en Colombie, au Pérou, en Bolivie et au Brésil.

Pourquoi êtes-vous devenu taxonomiste ?
Depuis mon enfance, J’ai toujours cherché à identifier les espèces vivantes qui m’entouraient. En 1997, en rentrant d’une expédition en Équateur, j’ai rapidement constaté que de nombreuses espèces que j’avais collectés étaient totalement inconnues du monde scientifique. C’est à partir de ce moment que ma passion des papillons de nuit, et en particulier des Noctuelles, a commencé.
Quelle est la diversité des espèces de papillons dans le monde ?
Approximativement 160 000 espèces ont été recensées à ce jour et il reste encore plusieurs centaines de milliers d’espèces à découvrir. Rien que la famille des noctuelles en comptent plusieurs milliers à elle seule.

Quelle est l’importance des papillons pour l’environnement ?
Avant tout, la pollinisation ! La reproduction de nombreuses espèces de plantes dépendent des pollinisateurs que sont les papillons. Ils représentent également un immense réservoir de nourritures pour les animaux insectivores tels que les oiseaux, les chauve-souris ou les grenouilles …
Votre métier vous apporte-t-il une vision particulière de la biodiversité ?
Depuis plusieurs décennies je constate malheureusement une diminution très importante de la densité et de la diversité des populations d’insectes, aussi bien en Europe que dans le bassin amazonien.
Je me souviens par exemple d’une mission en Bolivie, il y a de nombreuses années, où le drap de mon piège lumineux était couvert d’insectes. Aujourd’hui, au même endroit ou ailleurs, les densités ont nettement diminuées.
Que pensez-vous d’une initiative tel que Taxonomia ?
Je pense qu’une telle initiative met sous les projecteurs une discipline qui est de moins en moins reconnue, surtout professionnellement, alors qu’il reste encore des millions d’espèces inconnues à décrire dans le monde. Cette organisation accompagne diverses initiatives qui vont dans le sens d’une meilleure connaissance du monde vivant qui nous entoure.
Crédit photos : Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris.
