Foire aux questions
L’association TAXONOMIA
L’origine du projet TAXONOMIA, ou Fond Taxonomia pour la Biodiversité (Taxonomia Biodiversity Fund), association internationale à but non lucratif, part d’un triple constat :
- Alors que la biodiversité est devenue un enjeu et une préoccupation majeure pour la planète, jamais elle n’a été aussi en péril ! Couvrant seulement 10 % de la surface de la terre, les forêts tropicales contiennent 75 à 90 % des espèces vivantes. Les récifs coralliens, avec seulement 0,2% de la surface des océans, concentrent 25% des espèces marines connues. Ces deux écosystèmes sont pourtant parmi les plus vulnérables dans le monde. Une espèce vivante disparaît toutes les 20 minutes, ce qui représente un rythme de disparition 1000 fois plus important que le rythme naturel constaté lors des 10 derniers millions d’années. Au rythme actuel, au moins les deux tiers des espèces animales auront disparu en 2100 (d’après le rapport du Millenium Ecosystem Assessment publié en 2005 par 1360 experts internationaux pour les Nations Unies). De nombreuses espèces sont ainsi en train de disparaitre avant même d’avoir été découvertes !
- Les pays qui concentrent l’essentiel de cette biodiversité sont parmi les plus en difficulté du monde d’un point de vue économique, alors même que ce patrimoine unique pourrait représenter un formidable outils de développement.
- Le nombre total d’espèces animales et végétales est estimé entre 8 et 30 millions. A ce jour, seules 1,75 millions ont été répertoriées. Pourtant, les budgets alloués aux scientifiques taxonomistes, ceux-là même dont l’activité consiste à découvrir et décrire la biodiversité mondiale, s’effondrent de façon dramatique partout dans le monde. Rares sont aujourd’hui les spécialistes en mesure de faire de la taxonomie une profession.
Face à cette urgence, TAXONOMIA a pour objet de collecter des fonds d’une manière unique et originale afin de :
- Développer des projets de recherche scientifique, de conservation, d’éducation et de développement en faveur de la préservation de la biodiversité et en faveur des populations humaines pour lesquelles elle pourrait constituer une source de développement ;
- Soutenir activement la recherche taxonomique à travers le monde.
Son principal moyen d’action est d’offrir au public, sous forme de contribution financière aux objectifs de TAXONOMIA, la possibilité de donner son nom ou un nom de son choix à une espèce, vivante ou fossile, nouvellement découverte par les scientifiques. En d’autres termes, permettre à tous d’attribuer un nom scientifique, définitif et éternel, aux espèces nouvelles pour la science, et ainsi inscrire son nom dans l’histoire de la biodiversité.
Pour chaque contribution ainsi perçue, jusqu’à 40% est reversée aux scientifiques à l’origine de la découverte de l’espèce choisie, le reste étant investi dans des projets financés par l’association. Ceux-ci sont répartis entre projets internes, directement développés par l’association, et projets externes sélectionnés sur appels d’offres par son comité scientifique.
Les projets développés ou soutenus par TAXONOMIA se répartissent selon quatre axes prioritaires :
- Recherche scientifique, en priorité sur la biodiversité « oubliée ». Celle-ci, constituée de nombreux groupes taxonomiques, notamment d’animaux, végétaux ou champignons de très petite taille, ou encore de microorganismes, est rarement étudiée et très mal connue des scientifiques car très complexe et peu financée, bien que composant l’essentiel de la biodiversité. Cette biodiversité « oubliée » est pourtant indispensable au fonctionnement des écosystèmes. Il en est ainsi, par exemple, des organismes décomposeurs et recycleurs du sol ou de l’immense diversité des espèces pollinisatrices à travers le monde. La connaissance de cette biodiversité représente un enjeu majeur pour la conservation des milieux naturels et le développement futur d’une agriculture durable, notamment dans les régions tropicales.
- Conservation, en particulier des milieux naturels abritant les plus riches biodiversités terrestres et marines mais en danger extrême de disparition. Beaucoup d’entre eux, notamment au sein des forêts tropicales et des récifs coralliens, abritent de surcroit des espèces emblématiques au bord de l’extinction, tels les lémuriens de Madagascar, les grands singes d’Afrique centrale ou les dauphins d’eau douce d’Asie. Favoriser la protection de ces espèces, et à travers elles leurs habitats, est le point de départ incontournable d’une prise de conscience de leur valeur patrimoniale exceptionnelle et de leur considérable potentiel de développement économique.
- Education, de l’école au village et à l’université, dans l’objectif de contribuer à faire émerger l’idée que la connaissance et la conservation de la biodiversité peut être source d’un développement social et économique durable. Aujourd’hui, de nombreux pays tropicaux possédant un patrimoine naturel exceptionnel connaissent des difficultés économiques et de développement telles que ce patrimoine ne suscite que peu d’intérêt. Dans ce cadre, une coopération avec un réseau d’acteurs locaux, publiques et privés, instituts de recherche et universités, est au cœur de l’activité de l’association.
- Développement au travers du micro-entreprenariat local. La création d’entreprises devient un atout majeur dans la conservation de l’environnement quand elle permet à des acteurs locaux le développement d’une activité économique durable et solidaire basée sur une protection ou une exploitation non destructive de la biodiversité. Ainsi, par exemple, les secteurs du tourisme ou de l’agriculture représentent un formidable potentiel de développement s’ils sont raisonnés et issus d’une exploitation rationnelle et durable de l’environnement et de sa diversité biologique.
La majorité des projets soutenus financièrement par TAXONOMIA, qu’ils soient scientifiques, éducatifs, de conservation ou de développement, se concentrent en particulier sur les régions considérées comme des « hotspots » de biodiversité, le plus souvent en région tropicale. Au niveau scientifique, l’association développe ou soutient des expéditions naturalistes en vue de découvrir de nouvelles espèces ou d’améliorer la connaissance de la diversité biologique, en partenariat avec des acteurs locaux.
Non, TAXONOMIA est une association à but non lucratif totalement indépendante et n’est rattachée à aucune structure privée ni institution publique.
L’association propose chaque année à un panel international de scientifiques d’intégrer, s’ils le souhaitent, le comité scientifique externe de l’association. Ses membres peuvent être ou non reconduits d’une année sur l’autre. Ce comité est indépendant de l’association dans ses décisions et ses membres ne sont pas membres de TAXONOMIA.
Le rôle du comité scientifique externe est multiple :
- Dans l’objectif de promouvoir la recherche scientifique, la conservation, l’éducation et le développement en lien avec la biodiversité, TAXONOMIA lance régulièrement des appels d’offres à projets internationaux qu’elle prévoit de financer ou co-financer. Le comité a pour tâche d’effectuer la sélection des projets soumis suivant des thèmes et des modalités préalablement décidés en accord avec l’association.
- Elle contribue également, quand nécessaire :
- A la validation de la demande de partenariat des taxonomistes qui le souhaitent
- A la validation scientifique de la description d’espèces nouvelles proposées à l’association
- Enfin, elle joue un rôle de conseil scientifique et technique auprès de l’association, notamment en matière de montage de missions de terrain, d’expéditions ou de tout autres types d’événements.
L’association est déclarée à la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) de la France et est en pleine conformité avec le règlement de l’Union européenne n°2016/679, dit règlement général sur la protection des données (RGPD). En conséquence, elle ne diffuse en aucune manière quelle que donnée personnelle que ce soit et à qui que ce soit. Par ailleurs, toute personne, taxonomiste ou contributeur, qui en ferait la demande verrait ses données personnelles immédiatement et définitivement retirées du fichier interne de l’association.
Les taxonomistes partenaires
D’abord par le très haut niveau scientifique de ses partenaires. En effet, pour pouvoir devenir partenaire de TAXONOMIA, tout taxonomiste spécialiste doit répondre à une série de critères stricts incluant son expérience et ses publications scientifiques antérieures. Le comité scientifique externe de l’association a également comme pouvoir de valider ou non les demandes de partenariat.
De même, toute nouvelle espèce soumise à TAXONOMIA doit être décrite et analysée suivant un protocole scientifique stricte et complexe correspondant aux critères exigés par l’ensemble des revues scientifiques internationales du domaine de la taxonomie. Là encore, le comité scientifique externe de l’association a le pouvoir de valider ou non les soumissions d’espèces nouvelles.
L’attribution des noms
Seuls des noms d’espèces peuvent être attribués par l’entremise de TAXONOMIA.
La possibilité de nommer des espèces nouvelles est proposée au grand public via le catalogue du site internet de l’association. Cependant, pour des espèces exceptionnelles, des événements particuliers peuvent être organisés, tels que des ventes aux enchères. Le mode d’attribution de noms, pour des espèces jugées exceptionnelles, se fait en accord avec les taxonomistes concernés.
Les montants proposés pour nommer des espèces nouvelles sont entièrement fixés par l’association.
Non. Tout nom attribué à une espèce nouvelle doit d’abord être latinisé tel que défini par les codes internationaux de nomenclature (ICZN1 pour les animaux, CIN2 pour les plantes, les algues et les champignons, et ICNP3 pour les procaryotes).
A titre d’exemples, dans le cas d’un nom de personne donné à une nouvelle espèce d’orchidée du genre Orchis :
- « David » pourra donner : Orchis davidi, Orchis davidensis, Orchis davidiana, etc.
- « Laura » pourra donner : Orchis laurae, Orchis lauraensis, Orchis lauraiana, etc.
- « Smith » pourra donner : Orchis smithi, Orchis smithiana, etc.
- « Laura Smith » pourra donner : Orchis laurasmithi, Orchis laurasmithensis, Orchis laurasmithiana, etc.
Pour un lieu :
- « New York » pourra donner : Orchis newyorki, Orchis new-yorki, Orchis newyorkensis, etc.
- « Rome » pourra donner : Orchis romei, Orchis romensis, etc.
Par ailleurs, tout nom attribué à une espèce nouvelle doit :
- Respecter en tous points les codes internationaux de nomenclature (ICZN1, CIN2 et ICNP3) ;
- Respecter le code de déontologie de TAXONOMIA ;
- Avoir l’aval final du taxonomiste concerné.
Le code de déontologie de TAXONOMIA stipule notamment que sont acceptés les noms de personnes, de sociétés, de lieux et tout autre nom choisi par un contributeur à l’exception :
- Des noms et termes injurieux ;
- Des noms et termes à caractères racistes ;
- Des noms indiquant explicitement une origine géographique à une espèce donnée sans rapport avec son origine réelle ;
- Des noms de personnalités publiques sans leur consentement écrit.
Enfin, TAXONOMIA, comme le taxonomiste partenaire concerné, se réservent le droit de refuser tout nom, sans justification.
La durée de présence en catalogue d’une espèce nouvelle en attente de nom sur le site internet de TAXONOMIA est définie en accord entre l’association et le taxonomiste partenaire à l’origine de sa description. Une fois cette durée écoulée sans qu’un nom n’ait été attribué, le taxonomiste peut la prolonger s’il le souhaite et aussi longtemps qu’il le souhaite, tant qu’il reste partenaire effectif de l’association. TAXONOMIA ne fixe pas de limite maximum de temps d’exposition en catalogue mais se réserve cependant le droit de retirer à tout moment une espèce de son catalogue avant qu’un nom lui ait été attribué, sans contrepartie pour le taxonomiste.
Si un taxonomiste souhaite mettre un terme à son partenariat avec l’association, l’ensemble des espèces en catalogue dont il est à l’origine des descriptions en est automatiquement retiré.
Pas toujours. Parfois, notamment dans le cas de certains insectes, la photo réelle de l’espèce peut être remplacée, pour des raisons de confidentialité, par celle d’une espèce morphologiquement très proche, la description de la nouvelle espèce n’ayant pas encore été officiellement publiée. Cette décision revient au taxonomiste partenaire concerné, s’il peut fournir une photo de qualité de l’espèce de remplacement.
Selon le code international de nomenclature zoologique (ICZN1), le principe de priorité stipule que « le nom valide d’un taxon est le plus ancien nom disponible qui lui a été appliqué ». Il en va de même pour les codes s’appliquant aux plantes, champignons, algues et microbes, ou procaryotes (CIN2 et ICNP3). Ainsi, dans le cas où une espèce serait nouvellement considérée comme synonyme d’une autre découverte et nommée antérieurement, la première (découverte et nommée plus récemment) doit changer de nom et prendre celui de la seconde (découverte et nommée plus anciennement).
Généralement, les deux situations pouvant mener à une mise en synonymie sont :
- Une description morphologique incomplète (et parfois ancienne) de l’espèce concernée ou basée sur les connaissances scientifiques du moment ;
- Une évolution récente de ces connaissances liée aux nouvelles méthodes d’analyses de l’ADN.
Une telle situation de mise en synonymie d’une espèce donnée ne relève cependant pas de la responsabilité de TAXONOMIA, l’association ayant mis en place tous les niveaux de contrôle à sa disposition pour garantir le haut niveau scientifique à la fois de ses taxonomistes partenaires et de leur travail. Cependant la science fonctionne ainsi et la connaissance tant des espèces que de leur position phylogénétique évolue en permanence, indépendamment du niveau des scientifiques.
Toutefois, les mises en synonymies dans un groupe animal, végétal ou microbien donné sont généralement rares, ne serait-ce que par le manque de spécialistes. Le plus souvent, si un nom doit ultérieurement tomber en synonymie, cela prend des années, voire des décennies ou plus. Par ailleurs, la synonymie d’un nom est souvent sujette à débat au sein des spécialistes, et ce débat peut lui aussi durer de très nombreuses années.
Il faut bien retenir, cependant, qu’un nom scientifique d’espèce (ou plus précisément la combinaison du nom d’espèce avec son nom de genre) tombé en synonymie n’est en aucun cas un nom qui n’existe plus ! Il tombe en désuétude dans son usage quotidien mais est et sera éternellement associé à l’espèce à laquelle il aura été attribué. Aucune autre espèce ne pourra jamais plus recevoir ce nom.
Enfin, les pratiques de TAXONOMIA associées aux nouvelles méthodes scientifiques tendent à réduire au maximum l’éventualité d’une mise en synonymie ultérieure, notamment du fait que :
- Une analyse génétique est de plus en plus requise au niveau international pour définir une nouvelle espèce pour la science, qu’elle soit animale, végétale ou microbienne, ce qui ajoute l’outil génétique à la description morphologique classique. De même, TAXONOMIA encourage au maximum ses taxonomistes partenaires à inclure une analyse ADN (barcoding d’ADN) dans leurs descriptions d’espèces nouvelles. L’association propose prioritairement en catalogue des descriptions de nouvelles espèces incluant ce type d’analyse.
- Sont également introduites en catalogue des espèces appartenant à des genres et familles dont la classification est la plus stable possible. Là encore, l’association peut s’appuyer sur son comité scientifique externe et son réseau international de spécialistes.
Les contributeurs
La possibilité de nommer une ou plusieurs espèces nouvelles pour la science, et donc de contribuer financièrement aux projets développés ou soutenus par l’association, est ouverte à tous.
Le fait de nommer une espèce par l’entremise de TAXONOMIA ne procure aucun autre droit que celui de lui attribuer un nom. Ce nom devient le nom scientifique officiel éternel de cette espèce mais ne procure aucun autre droit sur celle-ci. Cependant, le contributeur ayant nommé cette espèce peut utiliser son image comme bon lui semble (logo, mascotte de société, outil de communication, etc.).
Lors de la publication officielle de la description de cette espèce par le scientifique qui l’a découvert, celui-ci doit remercier et indiquer le nom du contributeur dans un paragraphe intitulé « Origine du nom » (ou « Derivatio nominis » en latin).
Non, le principal exemplaire (nommé « holotype ») utilisé pour la description de la nouvelle espèce et les éventuels exemplaires additionnels (nommés « paratypes ») sont l’entière propriété du taxonomiste, ou du laboratoire ou Muséum dans lesquels ils auront été mis en collection de référence. Ils doivent être accessible à tout moment aux scientifiques du monde entier.
Un seul cas de figure peut mener à cette situation : si la publication scientifique contenant la description de l’espèce (et donc également le nom choisi par le contributeur) est rejetée par l’éditeur après soumission par le taxonomiste partenaire. Dans ce cas, qui peut parfois se produire pour des raisons techniques indépendantes du niveau scientifique du taxonomiste ou de son travail, TAXONOMIA propose à son partenaire de resoumettre l’article dans un autre journal équivalent dans les plus brefs délais. Si la procédure mène à nouveau à un rejet de l’article par l’éditeur, le contributeur est immédiatement et intégralement remboursé par l’association.
Entre l’attribution d’un nom à espèce nouvelle par un contributeur et l’officialisation de ce nom, plusieurs semaines à plusieurs mois peuvent se passer.
Suivant le processus classique, le taxonomiste doit soumettre un article contenant la description de la nouvelle espèce ainsi que son nom à une revue scientifique spécialisée à comité de lecture. Cette revue effectue une évaluation de cet article en faisant appel à un panel de scientifiques spécialistes du même domaine. Evaluation faite, l’article peut être accepté avec corrections mineures, corrections majeures ou rejeté. En cas d’acceptation, le taxonomiste doit alors effectuer les corrections recommandées avant re-soumission. Dans le cas d’un rejet, il peut, après corrections, resoumettre son article dans une autre revue.
Tout ce processus nécessitait auparavant plusieurs mois, voire jusqu’à une année. C’est encore le cas pour un certain nombre de revues publiant sur papier. Cependant, de plus en plus, les revues devenant électroniques et publiant en ligne, le temps d’évaluation s’est considérablement raccourci ces dernières, tombant le plus souvent à quelques semaines.
Pour cette raison, TAXONOMIA a pour politique d’inciter au maximum ses taxonomistes partenaires à publier dans des revues en ligne.
